Actualité

Mémoires de la traite, de l'esclavage et de leur abolition dans le 20e

Mise à jour le 10/05/2021
À l’occasion de la Journée nationale des mémoires de la traite, de l'esclavage et de leur abolition, parcours des lieux de mémoires dans le quartier des Amandiers.

Le Jardin Toussaint Louverture

Anne Hidalgo, maire de Paris, et Éric Pliez, maire du 20e, ont inauguré le jardin Toussaint Louverture, anciennement square des Amandiers. C’est l’occasion de rendre hommage à cet esclave libéré qui s'est battu pour l'indépendance de Haïti et l’émancipation des esclaves de l’île.
Crédit photo : Mairie du 20e

La rue Louis Delgrès

La rue Louis Delgrès, porte le nom d’un « libre de couleurs » – c’était le terme employé à l’époque coloniale pour les Noirs et métis qui étaient libres – qui se révolta contre le rétablissement de l'esclavage en 1802.
Poème d’Aimé Césaire dédié au Mémorial de Louis Delgrès à Basse-Terre, en Guadeloupe
Aimé Césaire était co-fondateur et représentant majeur du mouvement littéraire de la négritude et anticolonialiste résolu.
« 
Un brouillard monta
Le même qui depuis toujours m'obsède
Tissu de bruits de ferrements de chaînes sans clefs
D'éraflures de griffes
D'un clapotis de crachats

Un brouillard se durcit et un poing surgit
Qui cassa le brouillard
Le poing qui toujours m'obsède

Et ce fut sur une mer d'orgueil
Un soleil non pareil
Avançant ses crêtes majestueuses
Comme un jade troupeau de taureaux
Vers les plages prairies obéissantes
Et ce furent des montagnes libérées
Pointant vers le ciel leur artillerie fougueuse
Et ce furent des vallées au fond desquelles
L'espérance agita les panaches fragiles des cannes à sucre
De janvier

Louis Delgrès je te nomme

Et soulevant hors silence le socle de ce nom
Je heurte la précise épaisseur de la nuit
D'un rucher extasié de lucioles…

Alentour le vent se gifle de chardons
D'en haut le ciel est bruine de sang ingénu
Fort Saint-Charles je chante par-dessus la visqueuse étreinte
Le souple blond d'Ignace égrenant essoufflée
Par cannaies et clérodendres la meute colonialiste

Et je chante Delgrès qui aux remparts s'entête
Trois jours Arpentant la bleue hauteur du rêve
Projeté hors du sommeil du peuple
Trois jours Soutenant soutenant de la grêle contexture de ses bras
Notre ciel de pollen écrasé

Et qu'est-ce qu'est-ce donc qu'on entend



Morne Matouba
Lieu abrupt. Nom abrupt et de ténèbres En bas
Au passage Constantin là où les deux rivières
Écorcent leurs hoquets de couleuvres
Richepanse est là qui guette
Richepanse l'ours colonialiste aux violettes gencives
Friand du miel solaire buriné aux campêches

Et ce fut aux confins l'exode du dialogue

Tout trembla sauf Delgrès…
Ô Mort, vers soi-même le bond considérable
Tout saute sur le noir Matouba

L'épais filet de l'air vers les sommets hala
D'abord les grands chevaux du bruit cabrés contre le ciel
Puis mollement le grand poulpe avachi de fumée
Dérisoire cracheur dans la nuit qu'il injecte
De l'insolent parfum d'une touffe de citronnelle
Et un vent sur les îles s'abattit
Qui cribla la suspecte violence des criquets…

Je veux entendre un chant où l'arc-en-ciel se brise*où se pose le courlis aux plages oubliées
Je veux la liane qui croît sur le palmier
(C'est sur le tronc du présent notre avenir têtu)

Et voici dans cette sève et ce sang dedans cette évidence
Aux quatre coins des îles Delgrès qui nous méandre
Ayant Icare dévolu creusé au moelleux de la cendre
La plaie phosphorescente d'une insondable source
Or
Constructeur du cœur dans la chair molle des mangliers
Aujourd'hui Delgrès
Au creux des chemins qui se croisent
Ramassant ce nom hors maremmes
Je te clame et à tout vent futur
Toi buccinateur d'une lointaine vendange.
 »

Le « banc au bord de la route »

Situé rue Louis Delgrès et inauguré en 2010 en présence de la romancière américaine Toni Morrison, ce « banc au bord de la route » (Bench by the road) de la fondation Toni Morrison rend hommage aux combats de Louis Delgrès contre le retour à l’esclavage.
La fondation Toni Morrison est à l’initiative de ce mémorial « sans prétention », selon elle, pour les esclaves et leur histoire. Tony Morrison aimait l’idée que l’on puisse s’y asseoir pour lire, se reposer, ou tout simplement regarder. Celui de la rue Louis Delgrès est le premier installé hors des États-Unis.

Paris.fr ne fait aucun suivi publicitaire et ne collecte aucune donnée personnelle. Des cookies sont utilisés à des fins statistiques ou de fonctionnement, ainsi que d'analyse (que vous pouvez refuser ici), nous permettant d'améliorer le site en continu.

Plus d'informations