À l'occasion de l'entrée au Panthéon de Missak et Mélinée Manouchian, le 20e célèbre leur mémoire. Découvrez le programme.
Programme autour de Missak et Mélinée Manouchian dans le 20e
Hommage au groupe Manouchian
La cérémonie d'hommage sera accompagnée en musique par le Conservatoire Georges Bizet qui interprètera "L'Affiche Rouge" de Léo Ferré.
📅 Mercredi 21 février
🕒 12h30
📍 Passage du Surmelin et rue du groupe Manouchian
Conférence : Missak et Mélinée Manouchian, des réfugiés dans la Résistance
En présence de Denis Peschanski, historien spécialiste des réfugiés dans la Résistance
📍 Auditorium du Carré de Baudouin, 121 rue de Ménilmontant
📅 Samedi 24 février 2024
🕒 14h
Missak et Mélinée Manouchian, deux étrangers, arméniens et communistes, entrent au Panthéon début 2024. La valeur symbolique de cet événement est majeure. Cet ouvrage reconstitue l'histoire de ces deux orphelins du génocide des Arméniens devenus héros de la Résistance française. Ce parcours documentaire nourri d'archives dont de nombreux inédits est le fruit d'une exceptionnelle investigation. Photographies, documents familiaux, archives administratives, coupures de presse et correspondances jalonnent les textes des trois historiens signataires du livre.
A l’occasion
du 80e anniversaire de l’exécution des 23 résistant(e)s du groupe
Manouchian (Francs-Tireurs et Partisans – Main d’Œuvre Immigrée) et de l’entrée
au Panthéon du chef du groupe Missak Manouchian et de sa femme résistante
Mélinée Manouchian le 21 février 2024, l’association l’Affiche Verte organise
en partenariat avec la mairie du 20e un débat « Foot et Résistance(s) ».
📍 Salle des fêtes de la mairie du 20e, 6 place Gambetta
📅 Samedi 9 mars 2024
🕒 14h
🎫 Sur inscription
ici
Rino Della Negra (1923-1944) était l’un des fusillés à 20
ans du Groupe Manouchian et était ouvrier, résistant et footballeur du Red Star
FC en 1943 dont il est resté une
figure emblématique jusqu’à aujourd’hui.
Sócrates (1954-2011), capitaine de la Seleção au Mondial 1982, poète et médecin résistera
à la dictature des militaires au Brésil dans son club des Corinthians où se
mettra en place un mode décision autogestionnaire connu sous le nom de
« Démocratie corinthiane ».
Débat animé par Chérif Ghemmour, journaliste et fondateur du magazine So Foot
1ère partie
« Rino Della Negra Footballeur et partisan » du Groupe
Manouchian
Avec Jean Vigreux professeur d’histoire
contemporaine à l’université de Bourgogne Franche-Comté et Dimitri Manessis
Docteur en Histoire, auteurs de "
Rino Della Negra Footballeur et partisan"
Edition Libertalia (2022)
Un
représentant du Red Star FC
Intermède
diffusion de l'épisode du film d'Eric Cantona "les rebelles du foot"
consacré à Sócrates en introduction de Raí
2e partie
« Socrates, la démocratie corenthiane face à la dictature au Brésil »
Avec Raí
Souza Vieira de Oliveira (frère cadet de Sócrates) emblématique ancien
capitaine de la Seleção remportant le Mondial 1994 et du Paris Saint Germain
(1993-1998) dont il a été élu meilleur joueur de tous les temps.
Le 21 février 1944, les 23 résistantes et résistants FTP-MOI du Groupe Manouchian sont exécutés. Ils étaient immigrés, juifs, communistes, ils sont morts pour la France, ils sont la France.
En ces temps où la menace fasciste plane, ne les oublions pas.
Éric Pliez
maire du 20e arrondissement
La rue du Groupe-Manouchian, hommage du 20e à la Résistance
En 1954, les impasses Fleury et du Progrès sont réunies en
une unique rue du Groupe-Manouchian. C’est le résultat d’une proposition portée
par des Conseillers d’arrondissement communistes du 20e qui
souhaitait rendre hommage à ce groupe de résistants.
Vous n'avez réclamé la gloire ni les larmes
Ni l'orgue ni la prière aux agonisants
Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
Vous vous étiez servi simplement de vos armes
La mort n'éblouit pas les yeux des Partisans
Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L'affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu'à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants
Nul ne semblait vous voir français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l'heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA France
Et les mornes matins en étaient différents
Tout avait la couleur uniforme du givre
À la fin février pour vos derniers moments
Et c'est alors que l'un de vous dit calmement
Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand
Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses
Adieu la vie adieu la lumière et le vent
Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses
Quand tout sera fini plus tard en Erivan
Un grand soleil d'hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que le coeur me fend
La justice viendra sur nos pas triomphants
Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline
Et je te dis de vivre et d'avoir un enfant
Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient leur cœur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s'abattant.
Aragon/Léo Ferré
Strophes pour se souvenir/L’Affiche rouge
Le Groupe Manouchian
Le Groupe
Manouchian, c'est un groupe de résistantes et de résistants communistes. Il
s’agit de 23 membres des Francs-Tireurs et Partisans – Main-d'Œuvre Immigrée
(FTP-MOI), résistants de la région parisienne. On leur a donné le nom de leur chef, Missak Manouchian, immigré
arménien rescapé du génocide et figure de la résistance armée. Ils ont été
fusillés par l'occupant le 21 février 1944.
Le Groupe
Manouchian est également connu sous le nom de « l’Affiche rouge ». Il
s’agit d’une affiche de propagande nazie qui avait pour objectif d'assimiler
ces résistants à des terroristes, tout en jouant les cartes traditionnelles de
l'anti-bolchevisme, de la xénophobie et de l’antisémitisme.
L'affiche eut
sur la population l’effet contraire à celui recherché par les Allemands. Les
passants manifestèrent souvent des réactions de sympathie vis-à-vis des
résistants dont la photo avait été reproduite sur l'affiche, et les articles de
soutien furent nombreux dans la presse clandestine.
Les membres du « groupe Manouchian » exécutés
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Celestino Alfonso, Espagnol, 27 ans
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Olga Bancic, Roumaine, 32 ans (seule femme du groupe, exécutée en Allemagne le
10 mai 1944)
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Joseph Boczov, Hongrois, 38 ans - Ingénieur chimiste
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Georges Cloarec, Français, 20 ans
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Rino Della Negra, Italien, 19 ans - Footballeur du Red Star Olympique
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Thomas Elek, Hongrois, 18 ans – Étudiant
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Maurice Fingercwajg, Polonais, 19 ans
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Spartaco Fontanot, Italien, 22 ans
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Jonas Geduldig, Polonais, 26 ans
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Emeric Glasz, Hongrois, 42 ans - Ouvrier métallurgiste
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Léon Goldberg, Polonais, 19 ans
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Szlama Grzywacz, Polonais, 34 ans
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Stanislas Kubacki, Polonais, 36 ans
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Cesare Luccarini, Italien, 22 ans
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Missak Manouchian, Arménien, 37 ans
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Armenak Arpen Manoukian, Arménien, 44 ans
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Marcel Rajman, Polonais, 21 ans
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Roger Rouxel, Français, 18 ans
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Antoine Salvadori, Italien, 24 ans
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Willy Schapiro, Polonais, 29 ans
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Amedeo Usseglio, Italien, 32 ans
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Wolf Wajsbrot, Polonais, 18 ans
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Robert Witchitz, Français, 19 ans
Autour du Groupe Manouchian
La fresque de Popof
Une fresque en hommage au groupe Manouchian a été réalisée
non loin de la rue du même nom, à l’angle de la rue et du passage du Surmelin.
Elle est le fruit de l’initiative de la copropriété de l'immeuble, en
collaboration avec la mairie du 20e, le Conseil de quartier et l’association
Art Azoï.
Elle est l'œuvre Artof Popof, street-artiste
mondialement reconnu.
Lettre à Mélinée Manouchian
La lettre à de Missak Manouchian à Mélinée Manouchian, sa femme, également
résistante, qui inspirera Aragon pour son poème.
« Ma chère Mélinée, ma petite orpheline bien-aimée,
Dans quelques heures, je ne serai plus de ce monde. Nous
allons être fusillés cet après-midi à 15 heures. Cela m'arrive comme un
accident dans ma vie, je n'y crois pas mais pourtant je sais que je ne te
verrai plus jamais. Que puis-je t'écrire ? Tout est confus en moi et bien clair
en même temps.
Je m'étais engagé dans l'Armée de Libération en soldat
volontaire et je meurs à deux doigts de la Victoire et du but. Bonheur à ceux
qui vont nous survivre et goûter la douceur de la Liberté et de la Paix de
demain.
Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants
de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement.
Au moment de mourir, je proclame que je n'ai aucune haine
contre le peuple allemand et contre qui que ce soit, chacun aura ce qu'il
méritera comme châtiment et comme récompense. Le peuple allemand et tous les
autres peuples vivront en paix et en fraternité après la guerre qui ne durera
plus longtemps. Bonheur à tous…
J'ai un regret profond de ne t'avoir pas rendue heureuse,
j'aurais bien voulu avoir un enfant de toi, comme tu le voulais toujours. Je te
prie donc de te marier après la guerre, sans faute, et d'avoir un enfant pour
mon bonheur, et pour accomplir ma dernière volonté, marie-toi avec quelqu'un
qui puisse te rendre heureuse.
Tous mes biens et toutes mes affaires je les lègue à toi à
ta sœur et à mes neveux. Après la guerre tu pourras faire valoir ton droit de
pension de guerre en tant que ma femme, car je meurs en soldat régulier de
l'armée française de la libération. Avec l'aide des amis qui voudront bien
m'honorer, tu feras éditer mes poèmes et mes écrits qui valent d'être lus. Tu
apporteras mes souvenirs si possible à mes parents en Arménie.
Je mourrai avec mes 23 camarades tout à l'heure avec le
courage et la sérénité d'un homme qui a la conscience bien tranquille, car
personnellement, je n'ai fait de mal à personne et si je l'ai fait, je l'ai
fait sans haine.
Aujourd'hui, il y a du soleil. C'est en regardant le soleil
et la belle nature que j'ai tant aimée que je dirai adieu à la vie et à vous
tous, ma bien chère femme et mes bien chers amis.
Je pardonne à tous ceux qui m'ont fait du mal ou qui ont voulu me faire du mal
sauf à celui qui nous a trahis pour racheter sa peau et ceux qui nous ont
vendus.
Je t'embrasse bien fort ainsi que ta sœur et tous les amis
qui me connaissent de loin ou de près, je vous serre tous sur mon cour. Adieu.
Ton ami, ton camarade, ton mari.
P.S. J'ai quinze mille francs dans la valise de la rue de
Plaisance. Si tu peux les prendre, rends mes dettes et donne le reste à Armène. »