Il était une fois le 20e… Le groupe scolaire Jean-Perrin, témoin du Paris des années 1930

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Mise à jour le 23/10/2025

Photo du groupe scolaire Jean-Perrin
Situé le long du boulevard Davout, dans le 20e arrondissement, le groupe scolaire Jean-Perrin constitue un exemple révélateur de l’architecture scolaire parisienne des années 1930 : fruit d’une commande publique insérée sur l’emprise des anciennes fortifications.
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📍 Groupe scolaire Jean-Perrin, 6 rue Eugène Reisz

Un îlot anciennement occupé par les fortifications de Paris

Construit en deux temps entre 1931 et 1936, le groupe scolaire occupe un grand îlot né du déclassement des fortifications et de l’extension de la ville. La commande publique de l’entre-deux-guerres vise à doter les quartiers populaires de Paris d’équipements scolaires modernes : écoles maternelles, élémentaires et équipements annexes sont conçus pour répondre à une forte croissance démographique et à de nouvelles exigences d’hygiène et d’organisation pédagogique.

Une architecture Art Déco

L’édifice est attribué à l’architecte Abel Mahieu qui déploie ici une écriture des années 1930 proche des tendances fonctionnalistes tout en conservant des matériaux et des modèles de façade hérité du XIXᵉ siècle. La volumétrie, la distribution des baies et la manière dont s’articule la façade sur le boulevard témoignent d’un compromis entre monumentalité institutionnelle et souci d’économie et de robustesse.
Qui est Jean Perrin ?
Jean Perrin (1870‑1942) était un physicien et chimiste français célèbre, surtout pour ses travaux sur la matière et la physique atomique. Il a reçu le Prix Nobel de physique en 1926.

Une façade courbe

Le parti pris le plus immédiatement lisible est la façade courbe qui dialogue avec l’axe du boulevard Davout : une solution urbaine peu commune qui transforme la longueur en présence rythmée. La brique de parement domine l’expression matérielle ; elle est scandée par des percements horizontaux et verticaux encadrés de béton blanc — une combinaison qui donne à la façade une lecture claire, rythmée et presque graphique. L’emploi de la brique — matériau noble et durable — confère à l’ensemble une échelle humaine.
Autre trait notable : la sobriété ornementale. L’architecte privilégie la modulation des pleins et vides, la mise en œuvre constructive (armature en béton, encadrements) et la logique fonctionnelle des baies plutôt qu’un décor appliqué. Ce langage s’inscrit dans la mouvance hygiéniste et rationaliste qui guide encore, à la période, les constructions publiques.

Une surélévation réalisée dans les années 1980

Comme beaucoup d’équipements scolaires parisiens, le groupe scolaire Jean-Perrin a subi des transformations pour répondre aux évolutions réglementaires, aux besoins d’accessibilité et aux contraintes programmatiques (surélévations discrètes, réaménagements intérieurs, ravalement). Une intervention de surélévation, conduite dans les années 1980 par les architectes Olivier Brenac et Xavier Gonzalez, est signalée comme respectueuse de l’architecture d’origine : elle illustre une stratégie de conservation pragmatique — augmenter la capacité sans dénaturer le caractère frontal et la lecture matérielle de la façade.